Réf. : TJ Paris, 31e ch., 4 avril 2025, ANPAA c/ José G. et a.

L’affaire concerne la commercialisation du vin rosé « Rosé Garcia », dont la communication a été analysée comme une publicité pour l’alcool reposant sur l’image et la notoriété de l’acteur José Garcia. À la suite d’échanges amiables demeurés infructueux, l’association Addictions France a saisi le tribunal afin d’obtenir la cessation de certaines pratiques promotionnelles diffusées sur des sites de vente et différentes plateformes en ligne.

Les contenus en cause prenaient la forme de vidéos montrant l’acteur distribuant du vin ou plaisant dans un contexte léger, notamment lors d’un trajet en triporteur. L’ensemble mettait en scène une consommation d’alcool associée à l’humour, à la convivialité et à une figure publique appréciée du grand public. Cette scénographie s’inscrivait dans un registre promotionnel où l’image de l’acteur constituait un vecteur essentiel d’attractivité. À l’audience, les personnes poursuivies ont invoqué tantôt une méconnaissance des règles applicables à la publicité pour l’alcool, tantôt le contexte particulier de la période post-COVID pour expliquer les choix de communication opérés.

Par un jugement du 4 avril 2025 (TJ Paris, 31ᵉ chambre), le tribunal retient le caractère publicitaire des vidéos litigieuses et sanctionne leur diffusion. Il relève en outre l’absence de mentions sanitaires pourtant obligatoires dans toute publicité en faveur de boissons alcooliques. La responsabilité est retenue non seulement à l’encontre des sociétés concernées, mais également de leurs dirigeants, des éditeurs de contenus et de José Garcia lui-même. Les amendes prononcées s’échelonnent de 2 000 à 20 000 euros, auxquelles s’ajoutent des dommages-intérêts alloués à Addictions France.

Le tribunal adopte toutefois une position plus nuancée s’agissant du conditionnement du produit. Il estime que la dénomination « Rosé Garcia » et la présence du visage de l’acteur sur la bouteille ne constituent pas, en tant que telles, une publicité pour l’alcool. Cette analyse se démarque de décisions antérieures rendues dans des affaires telles que « Levrette » ou « Pompette Bicyclette », où le conditionnement avait été appréhendé comme un support publicitaire à part entière.

Au-delà du cas d’espèce, l’association Addictions France met en avant un enjeu de santé publique plus large. Elle alerte sur la multiplication des opérations de « co-création » entre marques d’alcool et artistes ou personnalités publiques, susceptibles de brouiller la perception des messages et de banaliser les risques liés à la consommation d’alcool. Ce phénomène a déjà été relevé dans plusieurs contentieux récents impliquant des figures médiatiques.

L’association a interjeté appel du jugement.